Résumé
Tandis qu’il pédale dans les rues de Paris pour livrer des repas, Souleymane répète son histoire. Dans deux jours, il doit passer son entretien de demande d’asile, le sésame pour obtenir des papiers. Mais Souleymane n’est pas prêt.
Avis CinéSam (film vu le : 17/12/2024)
Invité par WeLoveCinema pour découvrir en avant-première L’histoire de Souleymane, le dernier film de Boris Lojkine présenté à Cannes 2024 dans la sélection Un Certain Regard, je dois avouer que ce n’était pas un film que j’aurais choisi spontanément. Pourtant, la séance m’a pris au dépourvu.
Lauréat du Prix du jury, avec un Prix d’interprétation masculine bien mérité pour le saisissant Abou Sangare, le film est une odyssée captivante. Lojkine nous entraîne aux côtés de Souleymane, un jeune migrant en quête d’une vie meilleure, dont l’histoire mêle survie, espoir et désillusions crues.
Le choix audacieux du format 4:3 pourrait sembler anachronique, mais ici, il joue un rôle essentiel. Ce cadre resserré étouffe — ou devrais-je dire, oppresse — le spectateur, renforçant l’immersion dans les conditions asphyxiantes du périple de Souleymane. Chaque plan est une cage, chaque mouvement une tentative d’échapper à des murs invisibles.
L’intensité narrative repose également sur des détails qui ancrent l’histoire dans le réel. Parmi eux, l’omniprésence du smartphone de Souleymane, devenu à la fois son lien vital avec le monde extérieur et un miroir de sa solitude. Si la batterie de son appareil semble parfois miraculeusement inépuisable, cet élément pourrait représenter un clin d’œil à l’obsession moderne pour la connectivité, même dans les pires circonstances.
Cependant, tout n’est pas parfait. La mise en scène, aussi soignée soit-elle, peut paraître pesante, et certains spectateurs pourraient ressentir une distance émotionnelle, faute d’un véritable développement des personnages secondaires. Pourtant, Lojkine semble assumer pleinement cette approche : L’histoire de Souleymane n’est pas un récit facile à aimer, mais un cri viscéral contre l’indifférence.
En définitive, ce film ne plaira pas à tout le monde, mais il ne laisse personne indifférent. Si vous êtes prêt à vous laisser enfermer dans l’univers sans compromis de Boris Lojkine, vous en sortirez changé.
Spoiler
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